SOIREE D’OUVERTURE DU 100EME DU GLACIER
Chers membres, amies et amis,
Voici venu le moment d’ouvrir les festivités du centième du Glacier et je vous souhaite la bienvenue.
Je vous prie de m’excuser d’avance, si mon hommage au Glacier vous paraît long, mais on ne résume pas un siècle d’existence en quelques lignes. 1/4h de votre temps vous rappellera des souvenirs pour certains et une meilleure connaissance du Glacier pour d’autres.
22 septembre 1925
Constitution du club, dont le nom premier est le Lierre. Les membres fondateurs viennent pour certains du club de l’Aurore des Eaux-Vives (fondé en1901). Un sérieux diffèrend entre les membres est à l’origine de ces départs.
19 octobre 1925
Conclusion du bail de location de la Barillette avec la Commune de Chéserex pour le montant de Fr. 40.00. Le nom du club est encore « Le lierre », d’autres noms sont envisagés.
29 novembre 1925
Première assemblée du club, le nom « Le Glacier » sera adopté quelques mois plus tard si je ne fais erreur.
2 catégories de membres :
Les membres fondateurs au nombre de 52 dont 13 femmes, qui s’acquittent d’un montant de Fr.12.00 (Fr. 5.00 de cotisations et Fr. 7.00 pour la constitution du fonds du club)
Les membres qui se sont acquittés uniquement de la cotisation annuelle de Fr. 5.00 et qui sont au nombre de 4.
Soit 56 membres
Contrairement à d’autres clubs genevois, Le Glacier se distingue par son ouverture à toutes les catégories sociales, professionnelles, confessionnelles où qu’elles habitent et de surcroît mixte, 54 ans avant le CAS.
L’élément rassembleur de tous les membres était la découverte et la pratique de l’alpinisme, du ski et de tout ce que la montagne pouvait leur apporter et leur a ainsi permis de développer des amitiés durables.
Ont-ils pensé une seule fois qu’un siècle plus tard, le Glacier serait toujours là avec le même objectif ? Je n’ai pas la réponse.
Toujours est-il, qu’au cours de ce siècle d’existence, des grandes courses exigeantes ont été effectuées par les membres du Glacier à travers les Alpes et de par le monde. En Afrique avec le Kilimandjaro. au Népal, en Amérique latine .
Des premières, dont le nom des Tours ou des Aiguilles chamoniardes gravies pour la 1ere fois par certains membres fondateurs m’échappent.
Grâce à l’expérience de ses premiers de cordées, Le Glacier a traversé le siècle avec peu d’accidents gravissimes.
2 seulement sont portés à ma connaissance dans le cadre des courses organisées par le club.
En octobre 1955, la chute d’Otto Gnaegi du Balcon au Salève qui lui a valu 27 fractures dans une jambe et 22 dans l’autre. Suivies d’une rééducation personnelle longue et douloureuse qu’il s’est imposé lui-même. En effet, les techniques rééducatives de l’époque étaient très peu développées.
Et en 2008 l’avalanche en Engadine qui a emporté plusieurs de nos membres. Ils s’en sont sortis avec une grande frayeur mais indemnes physiquement, mis à part notre membre Guy Suchet, qui a souffert d’hypothermie et a dû être emmené à l’hôpital.
Durant les 100 ans d’existence du Glacier, la montagne a malheureusement emporté 3 de nos membres.
Ils effectuaient des courses en dehors du cadre du Glacier.
Mi-avril 1968, Louis Burkhalter et Bernard Eracle, déséquilibrés par un vent violent dans le couloir de Valsorey au Grand-Combin n’ont pas survécu à leur chute.
En 2015, c’est notre ami Jean-Marc Herzog , accompagné d’un guide qui a été emporté dans une avalanche au Piz Vilan avec 7 autres personnes.
Pour qu’à l’avenir, Le Glacier puisse continuer à vivre avec le moins de tragédie possible, il est important de se former, d’autant plus avec les changements géologiques qui surviennent actuellement dans les Alpes. Veiller les uns sur les autres doit rester notre priorité face aux dangers toujours plus grands.
Le premier chalet qui a eu une grande importance pour les membres du Glacier, c’est la Barillette dès octobre 1925.
Pendant plus de 30 ans, celui-ci était le théâtre de week-ends hivernaux empreints d’une chaude et joyeuse ambiance.
L’équipe de copains et copines « Les Bouffes » comme ils étaient surnommés, occupaient la table située à côté du buffet. Tous les samedis ils y mangeaient la fondue. Avant celle-ci ils grignotaient des gousses d’ail avec un coup de blanc. Ils avaient l’habitude de chanter en chœur. (mémoires d’Andrée Vallon femme d’Henri Vallon membre fondateur).
En 1938, le concours de ski existait déjà et Fernand Cand remporta le challenge Junior.
Pendant toute la période de la seconde guerre mondiale, le concours de ski eu lieu et ce jusqu’à la suppression du télésiège , construit en 1948 et démonté en 1989.
Ceux qui sont encore parmi nous se souviennent des légendaires concours de ski.
Les accordéons de Gaston Schmied et/ou de Robert Burgi mettaient l’ambiance.
Je vous reparlerai de ces moments mémorables lors du prochain concours de ski de notre 100ème le 25 janvier prochain.
Un des grands chantiers du Glacier fût la construction communautaire du chalet de Pierre Grise aux Carroz d’Arâches.
4 février 1955 Assemblée générale extraordinaire pour décider de la construction du chalet.
Coût estimé Fr. 30'000 y compris le mobilier.
Pas un sous en caisse, qu’à cela ne tienne, émission de parts, remboursables par tirage au sort dans la mesure du rendement du chalet.
3 semaines après il y avait déjà Fr. 17'000.00 de souscriptions
Un mois plus tard, la somme atteint Fr. 21'000.00
Les heures de journées de travail étaient comptabilisées et étaient valables au même titre qu’une souscription.
1er mai 1955, premiers coups de pioche (soit 3 mois plus tard)
25 août 1955 le sapin est placé au faîte du toit
21 octobre 1956 inauguration du chalet.
En 20 mois le Glacier a financé et construit son chalet.
L’adjonction de l’annexe se fera dans les années 1980.
D’autres travaux d’envergure seront effectués par la suite pour améliorer le confort du chalet et se conformer aux normes toujours en évolution pour la sécurité de chacun.
De nombreuses familles du Glacier y ont passé des week-ends et des vacances, surtout l’hiver et à Pâques. Le chalet était plein à craquer, jusqu’à 40 personnes voire plus pour le Nouvel An. Ce jour-là, les dames mettaient les bigoudis pour avoir une chevelure ondulante, avant de passer une tenue de soirée (robes longues certaines années (1960 1970), petits escarpins et les messieurs portaient pantalons de ville et chemise. Ce soir-là, ça dansait au son de l’accordéon de Robert ou grâce aux cassettes musicales par la suite. Ce soir-là, encore, ces messieurs faisaient la vaisselle. La cuisine étant interdite aux femmes en fin de soirée. En effet, ayant cuisiné toute la journée pour concocter un repas de Nouvel An digne de ce nom pour tous les membres présents et leur famille, à chacun sa part de travail.
Stamms
A l’heure où ni internet, ni les téléphones portables n’existaient, les membres du Glacier se retrouvaient tous les jeudis soir dans un restaurant pour le stamm. Nombre d’établissements genevois ont vu défiler les membres du Glacier.
Les chefs de courses étaient présents afin de prendre les dernières inscriptions et de donner les détails quant au rendez-vous etc. Les membres du Glacier pratiquaient déjà le co-voiturage, Donc répartition de qui prenait qui.
Dès les beaux jours, le stamm avait lieu au Coin au pied du Salève, au Carrousel. Nombreux étaient les membres qui formaient des cordées et grimpaient une des voies du Salève, avant de redescendre et de participer au stamm.
Semaines Clubistiques
En août 1945, année des 20 ans du Glacier, la 1ere semaine clubistique est organisée à Zermatt. Le club bénéficie d’une subvention de Fr. 300.00 pour toute la semaine.
La semaine clubistique est née et sera dès lors organisée tous les 5 ans en Suisse en France, en Autriche, en Italie.
Et nous ne dérogeons pas à cela, 80 ans plus tard avec la semaine à Samnaun en juillet 2025.
Soirées annuelles
Ce siècle du Glacier fût aussi celui des soirées annuelles, où chacun se mettait sur son 31. Les soirées avaient lieu dans des hôtels, puis dans des salles communales, avant de revenir dans des hôtels. D’annuelles elles se sont espacées pour ne perdurer que lors d’un jubilé.
Quand la date choisie se trouvait proche de la fête de l’Escalade, l’escalade n’était plus seulement sur la face du Salève ou dans les rues de Genève, mais aussi dans l’esprit des membres du Glacier, qui se laissaient aller aux déguisements très aboutis et ont fait face plus d’une fois à des situations cocasses sur la voie publique. Comme mon père. André Vionnet, déguisé en clown avec une volumineuse perruque, devant faire face à un agent de police, ou mieux encore, comme Paul Bingeli, corpulent bernois, travesti en femme blonde, pulpeuse, en bas résille noire, chaussures à talons et petit sac et qui s’est retrouvé dans une drôle de situation en plein centre-ville. Si je ne fais erreur la soirée avait lieu à l’hôtel Bristol, en bas de la rue du Mont-Blanc.
Il y a eu les soirées avec revue, Oui Oui, comme La Revue, mais à l’échelle du Glacier où, des membres qui maniaient la langue française avec dextérité, comme Attila Szabo, par exemple, ont pu exercer leur talent avec l’écriture de sketches, d’autres se sont découverts comédiens, paroliers, chanteurs, afin de se moquer gentiment des événements qui ont eu lieu pendant l’année au sein du Glacier. Certains membres masculins ne se gênant pas de se travestir en « Claudettes » pour l’occasion. Que de soirées de rires et de complicités.
Pour le 90ème, des chansons telles que « la ballade des gens heureux » devenue « la ballade des gens du Glacier » ou « le plus beau tango du monde », se sont vus remaniés leurs paroles pour être en adéquation avec la vie et l’âme du Glacier. Ceci grâce entre autres à , Simone Milleret et Marie-Claude Pauchard, qui nous ont fait chanter en chœur.
Semaines et voyages
Les semaines clubistiques ont donné l’envie à certains membres, d’élargir l’aventure entre eux. En hiver, aux Grisons, dans l’Oberland bernois, en Autriche et à Zermatt, pour une folie de semaine de ski de piste. Pendant près de 25 ans et jusqu’en 2006-2007, c’est près de 18 membres qui se retrouvaient à Zermatt, en préservant ce qui faisait l’ADN du club. Ski, apéros, bistrots, apéros, finissant la soirée chez les uns ou les autres, pour jouer aux cartes, Jass, Uno et j’en passe. Certains avaient encore l’allant pour finir en boîte de nuit. Récemment c’est à Fulpmes en Autriche, que ce genre de semaine informelle a été organisée, en été 2022.
Des semaines organisées, hors jubilé, par un ou des membres du club et agendées dans le programme des courses, se sont retrouvées en Appenzell, au Tessin, à la Punt en Engadine par 2x en automne et 1x en hiver, la Traversée du Jura, La Via Alpina et bien d’autres.
Des voyages en Afrique pour gravir le Kilimandjaro, au Népal par 2x, dont le tour des Anapurnas, en Patagonie, au Chili, au Pérou et j’en passe.
Au cours de son siècle d’existence Le Glacier ce n’est pas que la montagne mais des amitiés indéfectibles qui se forgent, des mariages, des parrainages, des coups de pouce, des soutiens inconditionnels entre les membres dedans et hors du club, le partage des tâches, accomplies de manière équitable, la convivialité, le bénévolat des membres du comité.
Pour l’avenir , les membres du Glacier doivent œuvrer ensemble pour la continuité du club, dans le dialogue et l’écoute et éviter les divergences profondes. Garder à l’esprit que c’est le mot « Nous dans le sens communautaire qui nous rassemble et non tout autre nous qui nous divise.
Le partage des corvées, du travail administratif, mais aussi les beaux moments, les courses, les chalets et leurs espaces, concernent tous les membres et leur appartiennent de manière équitable et uniforme.
Pour le Glacier, j’attends de ce nouveau siècle qui commence avec cette soirée, que le même esprit joyeux, bienveillant et participatif des membres fondateurs et de ceux qui leur ont succédé, anime aujourd’hui tous les membres présents et futurs.
Un microcosme comme notre Club Le Glacier à la possibilité d’amener et de porter l’énergie positive à tous ses membres et même au-delà.
Je tiens à remercier Hans Hofer pour son aide précieuse pour l’organisation de cette soirée.
Je tiens à remercier les anciens présidents qui nous font l’honneur d’être présents ce soir, Kurt Kreis, Claude Milleret, Dominique Milleret, Jacques Pellet, Michel Philipin, Christian Staub et Richard Vallotton Ils font partie des 27 présidents qui se sont relayés au sein du Glacier durant ces 100 ans et ont dès lors grandement contribué à la pérennité du club grâce à leur dévouement.
Xavier Bouillot, notre nouveau président, est le 28ème de la liste. Puisse son engagement amener sereinement le Glacier vers des nouvelles pages à écrire pour les années à venir.
Je n’oublie pas les anciens présidents Erwin Emmenegger et François Milesi, qui, si ils ne sont pas présents ce soir, ont aussi œuvré et donner de leur temps pour le Glacier. Avec pour François, les difficultés organisationnelles due à l’arrivée du Covid. Cette pandémie a nécessité de s’adapter rapidement pour continuer à assurer les séances de comité. En zoom, ce n’est pas pareil qu’en présentiel ; restrictions de rassemblement, limitation de participants aux courses, impossibilité de se déplacer en France voisine, suspension des assemblées puis autorisées sous certaines conditions. Pas évident.
Je tiens à remercier l’ensemble des membres du comité de leur présence ce soir et de leur dévouement. Sans un comité, une structure associative ne peut exister.
Je demande à tous les membres de penser que ce comité est ouvert et que lorsque la demande d’un poste administratif est à pourvoir, de songer que la continuité ne peut se faire sans l’engagement volontaire et bénévole. C’est un temps pris sur la vie privée, mais en retour c’est avoir la satisfaction que, soutenir et faire perdurer cette magnifique histoire, récompense tous les efforts consentis.
Je tiens aussi à remercier, vous les membres, de votre présence ce soir, vous perpétuez ainsi l’âme du Glacier.
Je vous souhaite une belle soirée durant laquelle vous pourrez vous dégourdir les jambes en dansant sur le parquet prévu à cet effet au son de la musique de l’orchestre Whitefive, ici présent, composé de M. André Civittilo et de M. Henri Serafini.
Que le centième commence, Vive Le Glacier
Isabelle HammerVionnet