Un peu d'histoire
Si l'histoire du club est plus ou moins connue des membres actuels, il y a très peu de personnes qui connaissent la situation qui a précédé la fondation du club Alpin Le Glacier. Pour ceci, il est nécessaire de se reporter à l'hiver 1918-1919.
A cette époque, la frontière française était fermée et les Alpes vaudoises étaient trop éloignées compte tenu des moyens de communication de l'époque. Par suite de la pénurie de charbon, les trains ne circulaient pas le dimanche.
Durant la semaine, il n'y avait que des trains qui desservaient toutes les gares, ce qui ne représentait pas moins de 39 arrêts entre Genève et Lausanne. Malgré ces limitations de transport, certains mordus du ski n'hésitaient pas à partir le samedi pour Saint-Cergue et ses environs où ils passaient la nuit.
Le dimanche après-midi ils entreprenaient le long retour sur Genève. Ils descendaient à ski par la vieille route aussi loin que la neige le permettait et ensuite ils rejoignaient Versoix, à pied, les skis sur le dos. De là le tram 8 ramenait à Genève ces skieurs un peu fous.
La Barillette
Parmi les adeptes de telles expéditions, un petit groupe, membres du club de montagne l'Aurore, louait la Barillette. En ce temps-là, le chalet était équipé d'une manière fort primitive. L'actuelle cuisine constituait la seule pièce habitable qui ne possédait qu'une seule fenêtre sur la façade côté lac et les deux petites fenêtres qui sont encore existantes. Les murs étaient nus et froids, le plancher était à moitié pourri.
Dans un coin, il y avait un bas-flanc pour quatre à cinq personnes mais il n'y avait ni paille, ni couvertures. Un poêle rond permettait de cuisiner et pour obtenir de l'eau il fallait se rendre à la citerne et la puiser.
Fondation du Glacier
L'effectif du club l'Aurore s'accroissait et certains pensaient bâtir un chalet. Il était envisagé de le construire près de la Combe-Gelée, site de l'actuel chalet du Ski-Club de Genève. Comme pour toute entreprise de ce genre, il est nécessaire de disposer de crédits pour accomplir un tel projet.
C'est précisément lorsque la possibilité de les obtenir se présenta que des divergences de vues surgirent entre les membres de l'Aurore. Celles-ci aboutirent à la scission de L'Aurore et lors d'un vote, il fut décidé de partager les biens du club.
Les membres dissidents décidèrent alors de fonder le club Alpin Le Glacier. L'article premier des nouveaux statuts était rédigé comme suit: "Sous le nom de "Club Alpin Le Glacier", s'est constitué à Genève, le 22 septembre 1925, une société mixte d'amateurs et amis de la montagne.
Une vie bien remplie
Le Glacier connut une période très active les années qui suivirent sa fondation. Une poignée de fervents alpinistes, inlassables marcheurs, excellents varappeurs et skieurs de surcroît, parcourut toutes les grandes classiques des Alpes.
Certains effectuèrent la Haute Route en trois jours. Un groupe n'hésita pas à s'attaquer à de grandes entreprises, comme la face nord des Courtes, jusqu'alors vaincue deux fois seulement. On trouve les noms de Dolf Ritschard, Walter Bill, Ernest Huber, gravés sur des challenges gagnés lors de concours de patrouilles des troupes de montagne, ou encore les récits de leurs exploits dans la revue du Club Alpin Suisse.
C'est grâce à cette équipe de montagnards dynamiques que l'on doit aujourd'hui tout l'élan dans la pratique de l'alpinisme au Glacier. Les temps changeant, Le Glacier connut ses années creuses et il fallut un souffle nouveau pour relancer la vague après une période plutôt calme dans les activités montagnardes. Sous l'impulsion d'André Vionnet, président alors en 1960, le club connut un élan nouveau qui ne fit que se développer depuis.
Pierre-Grise
Mais si le Glacier vit principalement par ses activités alpines, il chercha aussi à bâtir sa maison. Il commença par diverses locations, au chalet de la Glappaz, des Bêtasses sur Saint- Gervais, ou par le projet de construction à Combe-Gelée, pour finalement choisir le site des Carroz sur Arâches. La réussite que constitue la construction du chalet de Pierre-Grise en 1955 témoigne bien de la grande vitalité de ce petit club à la mesure humaine.
Au Glacier l'on aime aussi s'amuser. Nombreuses sont les occasions pour organiser des fêtes, tant à la Barillette qu'à Pierre-Grise. N'oublions pas les semaines clubistiques en montagne organisées tous les cinq ans qui rencontrent toujours un très grand succès.
Un bel avenir
Plus que jamais, nous avons besoin d'un contact avec la nature et avec nos semblables pour conserver notre équilibre. A la fin d'une semaine de vie citadine trépidante, quoi de mieux que parcourir les montagnes entre amis. Une traversée des crêtes du Jura en hiver, une veillée à la Barillette, la montée à une cabane, l'ascension d'un sommet sont autant de dépaysements nécessaires aujourd'hui.
Pour atteindre ces moments de bonheur il faut certes passer par l'effort, quelquefois même accepter de souffrir. Mais une fois la difficulté surmontée, qui n'a pas éprouvé cette jubilation d'avoir atteint le sommet, d'avoir vaincu sa peur et cette joie de partager tout cela avec ses compagnons de cordée? C'est ainsi que se forgent les amitiés durables.
Le Glacier tient le flambeau depuis 90 ans déjà. Qu'il éclaire encore très longtemps notre chemin.